Le juge Adam s'est introduit de nuit dans la chambre de la jeune Eve. Surpris, il casse une cruche en s'enfuyant par la fenêtre. La mère de la jeune fille porte plainte devant celui qu'elle ignore être le coupable. Adam instruit ainsi son propre procès. Or, ce jour-là justement, un conseiller est venu de la ville pour l'inspecter.

Il se trouve ainsi dans la position infernale de juge et coupable du crime de la cruche. Nous assistons à son inévitable perte. Dans ce huis clos situé dans la salle de justice, tout doit être dit, tout entendu afin que la vérité puisse surgir du chaos que veut installer Adam. Car la vérité selon Kleist se fraie toujours une voie. Inévitablement, l’étau se ressert autour de lui malgré tous ses efforts.

Tout est symbole : Adam et Eve la faute originelle, la cruche cassée symbole de la virginité perdue. Eve, Walter, Licht, Brigitte... des figures plus que des personnages vont venir tourmenter le juge Adam. La langue et les corps dans une esthétique proche de l'expressionnisme allemand se déchaînent sur lui, pécheur originel s’érigeant ici en juge et viennent contrarier son pouvoir qu'il croyait indiscutable.

Adam nous propose la pomme et pose la question de la culpabilité. Adam a beau être juge, c'est un homme faillible usant de mesquinerie, de roublardise. Il est un ange déchu animé par ses désirs. Eve en est l’objet, l’origine de sa faute et le perdra. Il est au service de la loi et se sert de la loi à des fins personnelles pour tenter se sauver.

Adam se demande s’il rêve. C’est un cauchemar qu’il vit et nous en sommes les joyeux témoins.

___________________________________________________

Spectacle lauréat 2009 du Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène

Production Compagnie Def Maira
Avec le soutien du Théâtre 13, de la SACD et de la Mairie de Paris.
Remerciements au Théâtre de la Tempête et au Théâtre du Chaudron

photos